L'invisible

« Laura Albert est une chanteuse qui écrivait. Un jour, elle a senti comme un souffle qui sortait d’elle, comme si elle était habitée par un esprit. Cet esprit s’est matérialisé devant elle tout à coup, et il a pris une forme humaine. C’était un homme qui avait l’air très jeune. En fait c’était un garçon. En fait ce n’est pas tout à fait un homme, c’était aussi une femme. Il avait des cheveux blonds qui descendaient le long de ses épaules. Il a sorti des lunettes de la poche de son veston. Il portait une jupe et des souliers à talons. Il a relevé sa jupe et elle, elle pouvait voir… Non, en fait, elle ne pouvait pas vraiment voir. Il y avait là quelque chose… C’était quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Il s’est lentement approché d’elle. Il l’a regardé dans les yeux et il a dit: Bonjour, je suis toi-même sous une autre forme. Je suis le garçon qui t’habite et à partir de maintenant, c’est moi qui va prendre ta parole et c’est toi maintenant qui va voyager à travers moi. Il y a quelque chose que je veux dire et qui n’est pas de ton ressort. C’est une sorte de mystère qui doit sortir de moi. C’est une histoire qui ne fait pas de sens et ça sort de moi. Et ça commence comme ça… »

Deux événements et une superstition sont à la source de ce spectacle: la chute du mur de Berlin, conséquence de l'idée d'une politique de la transparence, la révélation récente d'une imposture dans le monde de la littérature américaine et un phénomène, une superstition appelée ectoplasme, mot qui désigne une substance évanescente qui émane du corps d’un médium en transe, grâce à laquelle l’esprit d’un mort peut se matérialiser et se rendre visible dans l’espace. Chacune de ces sources implique une collision, un accident qui provoque une interférence soudaine entre deux mondes : la gauche et la droite, la vérité et la fabrication, le monde des morts et celui des vivants. Chacun de ces accidents : la chute, la révélation et la matérialisation provoque un dévoilement. Ce qui était imperceptible peut alors se matérialiser.

Dans l'obscurité, des entités lumineuses se manifestent, fugaces comme des mouches à feu : une enfant inventée oubliée dans un livre erre le long d'une autoroute américaine; Serge Gainsbourg cherche quelqu'un pour l'aider à créer; un esprit perdu se matérialise en habitant l'esprit des écrivains et un fantôme d'argent agité par le vent émet des sons et se cherche un langage. L’intention ici est de percer la frontière qui nous empêche de voir de l’autre côté. Là, où les histoires semblent impossibles à raconter, de la façon habituelle. Parce que là, les sons deviennent visibles et la lumière émet des bruits.

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Crédits

Texte, mise en scène et interprétation
Marie Brassard

Composition musique et son et interprétation en direct
Alexander MacSween

Lumières, composition musique et son, interprétation en direct
Mikko Hynninen

Dramaturge
Daniel Canty

Scénographie
Simon Guilbault

Direction technique
Frédéric Auger

Film 16mm
Karl Lemieux

Résidence de création : Usine C et Theater Chur (Suisse)

Coproduction

INFRAROUGE (Montréal), Festival de Théâtre des Amériques (Montréal) - La Bâtie-Festival de Genève - PuSh International Performing Arts Festival (Vancouver) - Wiener Festwochen (Vienne) - Le Théâtre Français du Centre National des Arts (Ottawa) - Harbourfront Centre (Toronto)

 

Agent de Tournée : 

Menno Plukker Theatre Agent Inc

menno@mennoplukker.com